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Montagnes et levers de soleils
- Théoph Lemaitre
- 9 mai 2017
- 4 min de lecture
"Ok ok. 1000 roupies..." "Yes awesome ! Go for 1000 roupies !"
C'est donc sur cet air déçu de mon hôte et une petite victoire personnelle que je commence mon séjour à Ella, en divisant le prix de ma chambre originalement fixé à 2000 roupies (environ 12€) !
Ici, dans les hauteur du centre de Ceylan, la météo semble réglée comme une horloge : un temps magnifique tôt le matin, un épais brouillard vers 10h30 et une pluie battante à partir de 15h.

Je me lève donc vers 6h le lendemain, je chausse, décidé, mes pompes de rando : direction le chemin de fer puis la colline qui mène vers Ella Rock et sa vue sur la vallée ! si mes calculs sont bons je devrait arriver là haut une petite heure avant que la brume ne se lève.
Egaré sur le chemin de fer je fais la rencontre de Patrizia et Julien, nous retrouvons la bonne route et continuons la route ensemble. Après quelques petits kilomètres d'ascension nous y voici enfin ! La vue est belle mais le véritable spectacle se présente avec l'arrivée soudaine de l'épais brouillard : en quelques dizaines de secondes la vue est totalement bloquée et le chemin du retour embrasse une atmosphère totalement différente, les sons sont adoucis, étouffés et nous laisse l'impression d'être seuls sur le chemin alors que nous avions rencontré beaucoup de touristes sur notre chemin à l'aller.
Une fois de retour dans le centre nous décidons tous les trois de nous rendre à Dalhousie, la ville d'accueil de Sri Pada (AKA Adam's peak, 6ème plus haut sommet de l'île) : 5800 marches afin d'atteindre le sommet du lieu de pèlerinage le plus fréquenté du Sri Lanka ! Une excitante expérience en perspective !
Nous voici donc de bout à 3h du matin, départ à 3h30 ! Nous commençons l'ascension ensemble et croisons de plus en plus de pelerins sur la routes (relativement peu de touriste par rapport à ce que j'imaginais). Peu à peu je m'éloigne de mes partenaires de marche : chacun y allant à son rythme je prends le devant, nous nous retrouverons en haut. L'ascension est une expérience vraiment troublante : outre la difficulté physique je croise de plus en plus de locaux sur la route : de jeunes gens comme moi, mais aussi de vieilles personnes, des familles entières qui porte leurs enfants en bas âge. Certains prient, psalmodient, d'autres chantent, seuls ou en groupe. La difficulté s'intensifie, les marchent semblent de plus en plus hautes et irrégulières. Je me rends compte que la plupart d'entre eux sont pieds nus. Comment imaginer pouvoir se plaindre après ça ? Le vent se lève et il est de plus en plus compliqué de progresser à cause de la densité humaine. Je prends mon mal en patience, change de fil quand j'en ai la possibilité.
Et enfin, un peu avant 5h j'arrive au sommet : dégoulinant et surtout je fais face à un vent fort et froid. Mais peu importe je l'ai fait. La petite surprise à l'arrivée consiste à enlever ses chaussures et son chapeau. Peu importe, j'enfile une veste supplémentaire et j'attends dans un renfoncement mes partenaires de marche.
Au fil des minutes les pèlerins et les touristes arrivent à bout de cet immense escalier et s'accumulent sur le plateau de Sri Pada. Le ciel lui, s'éclaircit peu à peu. Enfin c'est au tour du soleil de se joindre à nous, sortant de derrière les montagnes et sublimant la brûme d'une douce et chaude lumière.
La fatigue physique ne se fait que légèrement ressentir lors de la redescente : ça n'est qu'à partir des trois quarts du chemin que mes genoux commences à tirer un peu (Ô doux euphémisme). Sur le chemin je m'arrête donc sur des lieu sacrés où je n'avais pas eu le courage d'interrompre mon élan à l'aller : une pagoda, une jolie cloche boudhiste, un escalier caché... La lumière matinale est d'ailleurs un facteur encourageant pour s'arrêter le long de la route et profiter de ces beaux endroits.
Me voici cette fois avec Julien sur la route de Maskeliya : un petit village en bordure d'un lac que nous avions repéré sur la route vers Adam's peak. pendant une petite journée nous profitons donc de la bourgade, et remontons la rivière qui remonte le long de notre guesthouse jusqu'à arriver dans une endroit verdoyant, sorti tout droit d'une peinture ! Le lac est là, et de jeunes gens y prennent du bon temps assis dans l'herbe, certains jouent de la musique, d'autres, plus jeunes, s'amusent au bord de l'eau. Au loin, on distingue encore Sri Pada. Le soleil se glisse lentement derrière cette montagne d'où, le matin même nous l'avions vu sortir de son sommeil.

Après avoir profité d'un bon petit déjeuner aux abords de la montagne sacrée nous nous dirigeons vers la gare afin d'aller apprécier la fraîcheur des plantations de thé d'Haputale, toujours dans les montagnes mais à quatre heures de trains d'ici ! Une fois sur place nous rencontrons par hasard Farook, qui s'avère être notre hôte ! Ce dernier nous ramène alors chez lui en scooter, nous épargnant une paire de kilomètres à remonter la route avec nos gros bagages !
Haputale est une ville agréable, perdue dans les hauteurs du centre de l'île. Nous y restons donc quelques jours, le temps d'y rencontrer Hélène et Mélanie avec qui nous partageons quelques randonnées, et surtout la visite des plantations de thé de Lipton Seat. Le nom n'a d'ailleurs rien à voir avec la marque Lipton rattachée à l'hirsute Monsanto : Il s'agit de Sir Thomas Lipton : un colon britannique premier propriétaire de la plantation. Ce bon Thomas a d'ailleurs gentiment accepté de poser avec nous lorsque nous l'avons croisé au sommet des de l'immense propriété. Un type pas très causant, mais super sympa !
Vers 9h nous assistons à l'arrivée des cueilleuses de thé : pas un seul mec ! Enfin si, ils sont derrière leurs calepins, souvent à l'ombre et ils vérifient que les femmes fassent bien leur boulot sous le soleil déjà intense du début de matinée !

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